Wednesday, July 18, 2007

Feu rouge

Au croisement de la rue du fleuve et de celle des pins, trois têtes clignotent des yeux. Papa, maman et la petite en poussette regardent une pile de petits écrans crachant MTV. Un bras pointe, un autre s'agite, les grandes personnes réagissent aux coups d'épaule de la rose californienne. Pour la promenée, mystère. C'est juste la ballade nocturne, elle ne fait qu'ingurgiter probablement.
De l'autre trottoir, chiffon en bandana, un gars pleine vingtaine demande à qui passe par dédain un petit peu de monnaie. "Do you have change, please, sir." Un mal personnel pour une pièce de société.
Il en a besoin.
Une craquelure dans le bitume relie tout ce beau monde en travers de la ligne de stop, elle a toujours était là, rien ne sert de la suivre.
Coupons quelques têtes. Alors que l'homme s'écarte, attiré par la boucherie hongroise précédente, le jeune empoigne la poussette qui est d'accord. La mère prend ses bras pour mètre de robe. Quel beau rose! Rien ne sert d'attendre le petit bonhomme vert, valdingons une roue sur le trottoir. Ah! me voilà fier! Et tous ces détritus c'est chez moi, regarde ma petite, nous sommes ensemble.
Monsieur s'assied au pas de porte pour attendre l'ouverture, la grosse qui pend avec du poivre noir sur le dessus est la sienne, de droit. Dernier morceau de Jazz au bar le Pistol, la poussette s'écarte pour protéger les tympans. Madame fait quelques pas oui, il faut des talons moyens et noirs. Asseyons nous un moment, toi hors de ta ceinture de sécurité et moi qui m'essuie le front de mon bandana. Sourires en coin, nous sommes d'accord, ce batteur, c'est le meilleur!